Prix public : 15,00 €
Ce numéro 45 de la revue Tracés questionne le retour contemporain du topos rousseauiste de « l'origine des inégalités ». À la charnière des champs académique et non-académique, de grands récits se multiplient aujourd'hui sur les tables des libraires, avec comme promesse de résumer en quelques centaines de pages l'ensemble de l’histoire humaine, parfois depuis la préhistoire. Les problèmes du présent (exploitation et lutte des classes, racisme, patriarcat, spécisme, organisation écocidaire des sociétés humaines…) se trouvent réinscrits dans un temps long jalonné de quelques tournants décisifs, qui paraissent rejouer les mêmes actes: la révolution néolithique, avec l’apparition de l’État, l’accumulation de la richesse et la domestication des plantes et des animaux; la révolution moderne, elle-même plurielle (révolutions scientifiques, politiques, économiques) et scène d’émergence de l’État-nation, du capitalisme, du colonialisme, etc. Avec ces grands récits, de nouveaux problèmes surgissent. A-t-on affaire à de nouvelles philosophies de l’histoire qui ne disent pas leur nom et quelle valeur scientifique accorder à ces vastes reconstructions historiques? Quels rapports entretiennent-ils aux données issues de l’archéologie, de l’histoire, de l’anthropologie et de la sociologie, et quels présupposés théoriques animent ces explications dont la prétention est nécessairement transdisciplinaire.