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Le néant ne se laisse pas facilement approcher par la pensée, car il constitue pour elle une limite. Limite interne à la pensée chez Hegel, c’est-à-dire son extrémité la plus abstraite, ou encore limite externe chez Heidegger, ce voile qui marque la finitude de ce qui se déclôt et qui le fait se tenir en retrait de la pensée. Dans les deux cas cependant, cette limite doit être pensée pour elle-même, de manière à mettre au jour la vérité à laquelle peut et doit accéder la pensée pour se mettre en branle. Cette vérité fait se joindre le néant à son autre, que cet autre soit l’être ou l’Ereignis, et selon ce que commande l’épreuve héraclitéenne. En effet, Hegel et Heidegger ont tous les deux cherché à penser le néant avec Héraclite, encore plus selon la processualité qui se trouve affichée dans ses fragments et parfois au-delà des propos de ceux-ci. Mais s’approcher du néant avec Héraclite suppose l’indépassabilité de l’un, qui provient déjà de Parménide. La limite de la pensée ne devient-elle donc pas plutôt l’un que le néant? Et le néant, s’il est toujours pensé comme le néant de son autre en unité avec lui, est-il véritablement pensé pour lui-même? En suivant le détail des interprétations respectives de Hegel et de Heidegger à l’égard d’Héraclite, ce livre veut diriger la pensée vers un néant indifférent à l’un, au-delà de toute approche héraclitéenne.