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Dans la tradition occidentale ancienne, l’affliction connue sous le nom de « mélancolie » était décrite comme un excès d’humeur corporelle ou de fluide appelé « bile noire ». En 1697, Jonathan Swift associe l’accumulation de fiel et l’excrétion de substances nauséabondes à la figure allégorique de l’araignée, animal qui, « se nourrissant et s’engendrant elle-même, transforme tout en excrément et venin ». L’abeille, en revanche, buttine « des fleurs et des bourgeons des champs et du jardin » et s’écrie : « Quoi que je collecte ainsi [...], cela m’enrichit sans porter la moindre atteinte à leur beauté, à leur parfum ou à leur goût. » À partir de ce bestiaire, et à partir de l’expérience du confinement que chacun(e) d’entre nous a pu vivre pendant la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, l’autrice du présent essai propose une réflexion originale, métaphysique, sur notre condition actuelle : la Modernité nous condamne-t-elle au narcissisme et à la mélancolie ?