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L’appréhension complotiste des origines de la Révolution française est souvent considérée comme l’exclusivité d’une contre-révolution, dénonçant tour à tour ou simultanément philosophes, francs-maçons, illuminati, protestants et juifs. Intervient alors la mention d’un texte fondateur, les Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme de l’abbé Barruel (1798), œuvre féconde dans l’élaboration des théories complotistes de l’avenir… Mais, comme l’ont souligné François Furet (Penser la Révolution française, 1978) et Philippe Münch (Le Pouvoir de l’ombre, 2011), les discours et les pratiques révolutionnaires connaissent elles-mêmes, dès 1789, une saturation de références à la notion de complot. Le jeu de ces références dans l’engrenage de la Terreur est bien connu. Pour notre part, nous nous attacherons à montrer comment certains révolutionnaires – de Camille Desmoulins à Robespierre et son entourage – ont envisagé l’élaboration d’une histoire de la Révolution comme continuum de complots. Dans quelle mesure le contre-révolutionnaire Barruel s’est-il inscrit – avec les redéfinitions qui lui sont propres – dans le sillage de cette promesse montagnarde d’une histoire de la Révolution française conçue comme chaîne monstrueuse de complots ?