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L'Ukraine et Gaza ont abruptement remis la guerre au centre des agendas occidentaux. La médiatisation au Nord de ces deux affrontements ne doit cependant pas occulter la permanence, la multiplicité et l'intensité des conflits armés au Sud. Du Soudan à la Birmanie, en passant par le Yémen, les conflits entre États ne cessent de se multiplier. Auxquels il faut ajouter les guerres «transversales» déclarées au terrorisme, au narcotrafic, aux gangs. Dans un contexte d'insécurité et de violences - à la fois réelles et perçues -, la militarisation de la politique semble s'affirmer. Les prérogatives des armées s'étendent, des militaires accèdent - par la voie légale ou par un coup d'État - au pouvoir, tandis que nombre de gouvernants surenchérissent sur le virilisme et la manière forte, dans une sorte de populisme punitif. Ces conflits montrent également que les instruments de la guerre ne sont plus seulement les divers armements «classiques» aussi sophistiqués soient-ils mais aussi l'eau, les céréales, les enfants et bien entendu les outils de communication. Marqueur d'une délégitimation de la démocratie, cette hybridation politico-militaire oppose les prétendues vertus de forces armées morales, efficaces et nationalistes à des gouvernements peu représentatifs, incapables et corrompus. Elle tend, ainsi, à brutaliser les rapports sociaux, à naturaliser la violence étatique et à banaliser les états d'exception, mettant à mal le contrôle des institutions, la défense des droits et la protestation sociale. Un ouvrage qui fait le point sur les guerres «locales» au Sud qui pourraient bien embraser le monde.