Prix public : 15,90 €
Classeur de clous est le témoignage fragmenté de l'erreur d'attribution d'un nouveau-né, jeté au monde en tuyau cabossé, cogné dès sa dégringolade ; goudronné par le foyer octroyé, - d'une occlusion atomique. C'est la somme des boutons d'une varicelle intraitable, le scanner de morsures de broussailles qui menèrent, de négations en sabotages : à systématiser l'assignation au dérisoire ; étouffer un réseau racinaire dans un verre à moutarde. C'est enfin le cri d'un voeu d'évasion, une main lasse gagnant la margelle du puits. « Toute ma vie j'aurai vécu avec le sentiment d'avoir été éloigné de mon véritable lieu. Si l'expression exil métaphysique n'avait aucun sens, mon existence à elle seule lui en prêterait un. » (De l'inconvénient d'être né, Cioran) Jonas, quadra idéaliste laminé est devenu Robinson Crusoé. Il l'entrevit enfant avec les films illustrés par Cuvillier ; le saisit dans le texte à l'école ; le vit aux beaux-arts à l'atelier des enfants, formant seul la tombe de Vendredi, sur l'île-chapiteau qui recevrait Michel Tournier. Le classeur évoque l'humain comme marécage et abîme de lacunes, ses égoïsmes, sa négligence. Désillusion et retrait consacrent vaines relations et herses de famille inepte ; enfin diluent : idéaux salutaires et rarissimes justes attaches. « Imagine, passant, nos recommencements, nos hâtes, nos confiances. » (Les planches courbes, Yves Bonnefoy)