Prix public : 22,00 €
L'idée la plus saugrenue que j'ai eue en 1995 fut de me lancer dans le dessin humoristique et, en 97, de réunir ces premiers dessins dans un petit livre, à compte d'auteur et à 1000 exemplaires. J'avais tellement confiance en moi à cette époque que j'aurai préféré de beaucoup en tirer 200 mais, avec la couleur, le prix de revient devenait totalement grotesque. Je me souviens de mon excitation en revenant de l'imprimerie avec de grandes feuilles de passe empestant cette délicieuse et caractéristique odeur d'encre fraîche. Un vrai livre ! Mon premier ! Et aussi du cauchemar que j'ai fait cette nuit-là : des piles et des piles de bouquins, tachés par l'humidité de ma cave, cornés, rabougris, grignotés par les rats, usés, jaunasses, invendus, invendables, foutus. Il faut dire aussi que, tout à ma joie d'auteur, je n'avais absolument rien prévu pour leur commercialisation. Mais alors rien du tout. Pas d'éditeur , ni de diffuseur, pas de copain libraire, aucune notoriété (j'avais juste publié quelques dessins dans Télérama, Lui et Madame Figaro). Cela m'a valu quelques joyeuses virées en scooter sous la pluie pour placer mes livres en dépôt-vente. Quelques beaux souvenirs aussi. - Allô ? C'est la librairie Choupignole à Montmartre (j'y étais passé deux jours avant). Dites donc, votre bouquin, là, il part comme des petits pains ! J'ai vendu 50 % du stock ! Faudrait m'en re-livrer vite fait, hein, ça urge ! - Super, je vais passer : combien en voulez-vous ? - Ben, un : j'en avais pris deux. Mais ça s'est bien arrangé . Plutôt bien, d'ailleurs : en même pas un an, pffft, il n'y en avait plus un seul. Comme par hasard, c'est à peu près à ce moment-là qu'on a commencé à me demander régulièrement s'il en restait encore. C'est comme ça : quand il n'y en a plus, tout le monde en veut. Sept ans après les faits, j'ai décidé de le réimprimer, tel quel, dans son jus, avec ses bonnes idées et ses moins bonnes, ses légendes parfois approximatives, ses décors lapidaires et ses personnages aux nez gros et courts. Les nez longs et fins, c'est venu tout seul et plus tard, pour répondre à la question que vous ne m'avez pas (encore) posée. Bonne lecture, Voutch