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Le 27 février 1854, deux hommes, étendus au pied d'un gigan- tesque saule pleureur, causaient en observant avec une extrême at- tention les eaux du fleuve Orange. Ce fleuve, le Groote-river des Hol- landais, le Gariep des Hottentots, peut rivaliser avec les trois grandes artères africaines, le Nil, le Niger et le Zambèse. Comme elles, il a des crues, des rapides, des cataractes. Quelques voyageurs, dont les noms sont connus sur une partie de son cours, Thompson, Alexander, Burchell, ont tour à tour vanté la limpidité de ses eaux et la beauté de ses rives. En cet endroit, l'Orange, se rapprochant des montagnes du duc d'York, offrait aux regards un spectacle sublime. Rocs infranchis- sables, masses imposantes de pierres et de troncs d'arbres minérali- sés sous l'action du temps, cavernes profondes, forêts impénétrables que n'avait pas encore déflorées la hache du settler, tout cet en- semble, encadré dans l'arrière-plan des monts Gariepins, formait un site d'une incomparable magnificence.