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Le nom de Gaule désigna, chez les Anciens, la contrée comprise entre la Méditerranée, les Alpes, le Rhin, l'Océan et les Pyrénées. C'est de cette contrée que je me propose d'écrire l'histoire, depuis environ l'an 600 avant Jésus-Christ jusque l'an 400 de notre ère. La première de ces dates est celle du plus ancien fait dont on ait conservé le souvenir précis, la fondation de Marseille. Et ce fait ne précède que de très peu l'immigration du peuple qui devait imposer son nom à la contrée, celui des Celtes ou des Gaulois. Elle peut prendre fin un millénaire plus tard. Au cinquième siècle, l'établissement de Germains, le triomphe du Christianisme, la domination des Francs créent de nouvelles habitudes chez les hommes et annoncent une nouvelle manière de dénommer le pays. Faire l'histoire de la Gaule c'est raconter et expliquer les changements qui se sont produits dans l'aspect du sol et dans la manière de vivre et de penser des habitants. Nous ne séparerons pas de l'étude de l'humanité celle du terrain qui la nourrit. La diffusion d'une culture, la construction d'une longue route, la formation d'une ville capitale, amènent des conséquences aussi durables qu'une guerre et qu'une loi. Un historien doit donc examiner les rapports de l'homme avec le sol qu'il habite, au même titre que les relations des hommes entre eux. Il le doit d'autant plus que ces relations sont d'ordinaire déterminées par la terre elle-même. C'est par les routes naturelles que se règlent les échanges commerciaux; c'est par elles aussi que s'expliquent la plupart des grandes villes: les cités-mères de la Gaule antique et de la France moderne, Lyon, Paris, Marseille, Bordeaux, Narbonne, Trèves, n'ont crû que parce que leurs habitants ont conformé leur vie à la qualité du terrain et à la situation du lieu. Il n'est même pas de religion qui ne reflète l'horizon terrestre et les habitudes des yeux: les plus puissants dieux eux-mêmes viennent se fixer sur un sommet ou se montrer près d'une fontaine. Enfin, le caractère et le rôle d'un peuple dépendent de la valeur du sol qu'il laboure, de la place de son pays dans le monde, et de la structure même de ce pays : j'appelle structure sa forme, le rapport de ses parties, et la nature de ses limites.