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Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j'ai été élevé selon le principe que l'oisiveté est mère de tous vices. Comme j'étais un enfant pétri de vertu, je croyais tout ce qu'on me disait, et je me suis doté d'une conscience qui m'a contraint à peiner au travail toute ma vie. Cependant, si mes actions ont toujours été soumises à ma conscience, mes idées, en revanche, ont subi une révolution. En effet, j'en suis venu à penser que l'on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu'il importe à présent de faire valoir dans les pays industrialisés un point de vue qui diffère radicalement des préceptes traditionnels. Tout le monde connaît l'histoire du voyageur qui, à Naples, vit douze mendiants étendus au soleil (c'était avant Mussolini), et proposa une lire à celui qui se montrerait le plus paresseux. Onze d'entre eux bondirent pour venir la lui réclamer : il la donna donc au douzième. Ce voyageur était sur la bonne piste. Toutefois, dans les contrées qui ne bénéficient pas du soleil méditerranéen, l'oisiveté est chose plus difficile, et il faudra faire beaucoup de propagande auprès du public pour l'encourager à la cultiver. J'espère qu'après avoir lu les pages qui suivent, les dirigeants du Y.M.C.A. 1 lanceront une campagne afin d'inciter les jeunes gens honnêtes à ne rien faire, auquel cas je n'aurai pas vécu en vain.