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Les critiques qui s'impriment de temps immémorial sur les beaux-arts ont toujours présenté des inconvénients presque inévitables : d'abord elles font bâiller les gens du monde, pour qui ces sortes d'ouvrages sont toujours obscurs, embrouillés de termes dont on connaît mal le sens, fatigants, en un mot, parce qu'ils ne laissent rien que de vague dans l'esprit. Ensuite les artis- tes en ont la haine, parce que, loin de contribuer à l'avancement de l'art, ces discussions embrouillent les questions les plus simples et faussent toutes les idées. D'ailleurs, les gens du métier contestent aux faiseurs de théories le droit de s'escrimer ainsi sur leur terrain et à leurs dépens. Ils prétendent que rien n'est plus facile que d'aligner des mots à propos de choses, de refaire, dans un texte long ou court, ce qui a été dûment imaginé, pesé, et, par-dessus tout, exécuté et mené à fin. Le pauvre artiste, exposé tout nu avec son ouvra- ge, attend donc avec une vive anxiété les arrêts de ce peuple qui a la fureur de juger. Une fois descendu dans cette arène, toutes ses fautes reviennent l'accabler par avance, et il voit s'aiguiser contre lui cette arme terrible contre laquelle il n'a rien qui le protège, cette plume dont le fiel le brûle jusqu'aux os ; tout cela sans qu'il ait la triste consolation de monter en chaire à son tour et de poursuivre le critique à sa manière.