Prix public : 15,90 €
Un soir du mois d'avril 1864, deux femmes travaillaient, très silencieusement, dans un petit logement situé sous les combles d'un des plus vieux, des plus majestueux hôtels de la place des Vosges. L'une des deux femmes, assez âgée, achevait l'ourlet d'une robe de baptême, tandis que l'autre, toute jeune, posait, dans le haut du corsage, des noeuds de ruban rose. Elles étaient placées de chaque côté d'une longue table, sur laquelle était étendue la robe, au milieu d'un fouillis de mousselines, de linons, de piqués, d'épingles, d'aiguilles, de ganses, d'entre-deux et de dentelles. Ainsi que la plupart des anciens logements, celui-ci n'avait pas d'entrée, et c'était cette pièce qui communiquait directement avec le palier. Elle était assez grande, à peine mansardée et assez confortablement meublée: un buffet, une armoire, une seconde table et six chaises; le tout entretenu avec une propreté méticuleuse, ainsi que le parquet de brique, bien rouge, bien ciré, brillant comme un miroir. Dans un coin, sous un voile noir, une belle cage peuplée d'une nombreuse famille de serins, de bengalis et de capucins.— Tout, dans cette pièce, respirait le bonheur pur, le bonheur intime. Et, à voir les deux femmes, le visage à demi éclairé par la lampe, travaillant sans relâche, se souriant lorsqu'elles se baissaient un peu, personne n'aurait pu croire que le malheur était entré dans leur maison.