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AVERTISSEMENT
Obscurci par des tics de langage contractés à la suite d’une longue intelligence avec les milieux de la radicalité, ce texte inqualifiable entremêle des considérations scandaleuses, sarcastiques, émouvantes et autobiographiques. Il comporte des scènes qui pourraient heurter les personnes sensibles, les personnes LGBTQQI2SAA, les personnes noires, les célibataires, les neurodifférents, les personnes en surpoids, la communauté handicapée, les femmes musulmanes portant un foulard, les personnes prostituées, les personnes asexuelles, et les personnes aux identités de genre variantes, non binaires ou queers, qui feront bien d’éviter les pages 59 à 70, ainsi que les pages 82 et 83. Quant aux personnes attachées à la concurrence libre et non faussée – qui soutient la réussite économique, à la fois en protégeant au mieux les intérêts des consommateurs européens et en assurant la compétitivité des entreprises, des produits et des services de l'Europe sur le marché mondial –, elles passeront rapidement sur les pages 35 à 41, sur les pages 49, 50 et 51, ainsi que sur les pages 71 à 75.
Le livre ne s’adresse pas aux décrocheurs de l’Éducation nationale, qui évitent les étagères des librairies comme si ça portait malheur, et qui bénéficient d’un grand crédit à l’extrême gauche. Ceux qui se croient permis d’assener des opinions péremptoires sur tous les sujets, qu’ils aient commencé d’y réfléchir la veille ou qu’ils n’y aient pas réfléchi du tout, ceux pour qui la sottise n’est pas un handicap dont il convient de se libérer par l’étude et par le choix judicieux de ses fréquentations, mais une identité qu’il faut revendiquer et dont on peut tirer fierté, ceux-là en seront pour leurs frais.
Mais ceux pour qui « il y aura toujours des maîtres et des esclaves, ou des capitalistes et des travailleurs », pour qui « le capitalisme est né avec les hommes et il mourra avec eux », ceux-là non plus ne vont pas s’y retrouver. Ni ceux qui exigent le fil coupant d’une radicalité sans failles, ni ceux, à l’inverse, pour qui la moindre affirmation tranchée évoque les heures les plus noires de la Terreur. Ni ceux pour qui « bourreaux et victimes sont dans la même mesure complices », pour qui « l’égalisation devant le marché et l’argent a effacé peu à peu les anciennes classes », pour qui toute l’histoire du mouvement ouvrier se ramène à une note marginale dans les péripéties du procès de valorisation de la valeur. Ni ceux qui cultivent pieusement leur patrimoine, et qui préfèrent se raccrocher à leurs certitudes pour ne pas sortir du cercle de leurs questions convenues, sans s’aviser que l’ensemble de leurs positions ont été contournées et qu’ils sont devenus les idiots utiles d’un libéralisme no border.
Mais d’autres viendront, dont le jugement se forme aujourd’hui, qui me liront autrement. Ils ne se laisseront pas submerger par le poison de la nostalgie, et moins encombrés de leurs souvenirs, ils verront les raisons d’espérer qui m’échappent.