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George Sand disait de lui : “il est naïf comme les gens sincères, absolu comme les gens convaincus”. Martin Nadaud a tout appris seul. Paysan, goujat, maçon, puis élu député, exilé, revenu toujours aussi ardent défenseur de la justice sociale, il ne lâche jamais son idéal d'émancipation du peuple par l'idéal républicain. Cette nouvelle, comme un court-métrage historique, est l'instant du dialogue imaginé entre Martin Nadaud et Oscar Bardi de Fourtou, ministre monarchiste et réactionnaire. Un précipité de questions très contemporaines sur l'obsession de domination d'une caste. Un extrait Martin fut sorti de ses songes par Élie, le fils du voisin tambourinant à la porte de la maison : « M'sieur Nadaud ! M'sieur Nadaud ! Z'avez d'la visite ! Un d'la haute, c'est sûr, l'est tout prop' ! » Martin se leva, se débarbouilla et s'habilla, afin d'être présentable à son mystérieux visiteur. Quelle ne fut pas sa surprise de voir, en ouvrant sa porte, la silhouette d'Oscar Bardi de Fourtou(17), ministre de l'Intérieur du gouvernement De Broglie nommé par Mac-Mahon et contesté par les chambres. « Monsieur Fourtou » comme Martin aimait à l'appeler. Il savait bien que, selon les usages, il aurait dû l'appeler « monsieur de Fourtou » ou « Fourtou » tout court, mais Martin avait pris l'habitude de déroger à l'usage, prétextant la rusticité que les plus stupides lui prêtaient, pour livrer un soupçon d'ironie dont il ne se lassait pas. — Entrez Monsieur Fourtou, dit Martin en souriant. À l'énoncé singulier de son nom, le ministre esquissa une grimace désapprobatrice.