Prix public : 12,00 €
« Nous avons cherché à rendre ce livre disparate. Les notes d'atelier et de cuisine, les échanges avec les médecins, les drogués et les artistes, la poésie cryptée des étiquettes pour produits louches, les recettes et les rapports de trip, tous ces documents épars ont été réunis dans un ordre précaire. La dispersion nous économise du leurre d'une totalité organique. La négligence et le retard ont été en cela les meilleurs moyens de nous éviter la cohérence illusoire d'un livre sur l'art. Qotrob est une compilation de fragments relatifs à des expériences d'intoxication. Son désordre et ses manques laissent entendre le piétinement et les erreurs d'une activité, certes bancale, mais rétive à un processus de légitimation intellectuelle : “nous n'oublierons pas d'être cons”. Et non, il n'y pas d'images dans ce livre qui traite de drogue et de sculpture [...].Qotrob est un mot qui a longtemps hanté la littérature médicale médiévale arabe et persane. S'il désigne une pathologie propre à un patient atteint de lycanthropie, son étymologie trouble n'a pas la solidité de l'appareil sémantique des médecins d'alors. La diversité de ses origines nous renvoie pêle-mêle au grec, à l'égyptien, à l'arabe et au perse. Il désigne tantôt un loup pelé ou une goule mâle ou encore un insecte qui s'agite continuellement et sans relâche à la surface des eaux stagnantes, il peut également signifier une espèce de chouette ou un petit rongeur nocturne, et enfin une plante dont l'écorce luit la nuit. C'est enfin le nom attribué à cette pâte à modeler hallucinogène concoctée en 2012 suite à la lecture de l'article “qot.rob [...]” de Bertrand Thierry de Crussol des Épesse et qui figure dans son intégralité au début de ce livre. »