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La pulsion a durablement mis l’être humain au défi de la comprendre. Concept-frontière entre le biologique et le mental, la pulsion demeura longtemps la chasse gardée des psychanalystes qui fixèrent les règles pour l’interpréter. Mais à l’heure où les sciences cognitives bouleversent notre connaissance de l’homme et du cerveau, avons-nous, aujourd’hui, quelque chose de neuf à apprendre de cette notion, vieille de plus de deux siècles?
C’est avec la naissance du vitalisme et du romantisme que l’idée d’un monde travaillé par des forces souterraines émergea sur la scène de la culture européenne. L’interprétation des liens de l’homme à soi, à autrui et au monde en sera radicalement changée. Ce soupçon d’une vie inconsciente et pulsionnelle s’est poursuivi, malgré l’obstruction de divers positivismes. Schopenhauer, Nietzsche, Freud et leurs épigones (Adler, Scheler, Binswanger, Marcuse…) en témoignent. En effet, comme ces penseurs des profondeurs entendent le révéler, la science ne peut abolir la pulsion. Ainsi, elle en proviendrait elle-même généalogiquement, puisqu’elle traduirait la « volonté de connaissance » ou la « pulsion d’emprise » de l’homme sur la nature. Or aujourd’hui, force est de constater que sur l’humanité née des révolutions technoscientifiques et productivistes, planent de mortels diagnostics, établis tant sur une écosphère ébranlée, que sur la virtualité d’effroyables accidents techniques.
À l’heure du péril, n’est-il pas alors impérieux d’éclairer à nouveaux frais l’activité productive des pulsions, leur positivité et leur négativité? Tel est l’objet de ce nouveau numéro de L’Art du Comprendre où philosophes, anthropologues et analystes sont conviés à croiser leurs regards pour élucider les liens originels, mais problématiques, entre pulsion et condition de l’homme moderne.