Prix public : 14,00 €
Une vie américaine est un texte sur la liberté, les normes qu’elle engendre et ses illusions. Un camping aux environs de Minneapolis (USA), une vieille caravane où se trouvent Linda avec sa mère Paloma et son frœur Robin Rose, voilà la famille Clarkson ! Une famille espagnole qui veut revoir Warren, dont est tombée amoureuse Paloma dans les années 80 à Madrid, le père de Linda et de Robin Rose. L’Américain leur avait promis une belle vie américaine, un eldorado mais il finit par les abandonner sans laisser aucune trace, aucun visage, aucun souvenir ni aucun nom. L’idée même de filiation, en relation avec celle de l’Amérique et de l’Espagne, structure la dérive de ces personnages forts, dessinés dramatiquement, exemplaires aussi de la modernité queer dans un quartier populaire de Madrid : Paloma est devenue lesbienne, le fils gender-fluid, et tous aspirent, chacun à leur façon, à recréer une famille bâtie sur l’absence du père mais aussi sur une illusoire liberté individuelle. La caravane y est l’image d’une sépulture où tous les récits s’entrecroisent mais ne correspondent pas à la réalité, toujours hors de portée. La norme produite par l’affirmation des désirs s’oppose aux représentations de l’altérité, tant biographiques que communautaires. L’explosion du genre dans l’espace social et politique est ici mise en jeu par de solides structures dramatiques : le monde peut s’écrouler, le théâtre, lui, tient debout.