Prix public : 9,00 €
En traversant le xxe siècle et l’essentiel de ses drames (la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il sera grièvement blessé, puis le régime national-socialiste qui rangera son oeuvre parmi l’art dégénéré), Oskar Kokoschka (1886-1980) pourrait passer sans doute, contre son gré, pour l’archétype de l’homme européen du siècle dernier. Après une naissance en Autriche-Hongrie, voilà bientôt une existence qui se déplace incessamment : Vienne, Dresde, Prague et Londres (à titre d’exil), et puis la Suisse enfin (sans oublier l’Afrique du Nord, le Proche-Orient et les États-Unis). On a retenu le plus souvent le peintre qu’il fut, élève de Gustav Klimt, pour perdre un peu de vue ses talents de graveur, de dessinateur, de décorateur (de théâtre notamment). Et plus encore son oeuvre d’écrivain et d’auteur dramatique, sans oublier non plus ses nombreux essais et articles, et l’autobiographie qu’il rédigera en 1971. Parmi ses oeuvres de fiction brille d’un feu tout particulier Les garçons rêveurs, un texte poétique à l’onirisme revendiqué, qui voit le jour en 1907, accompagné de huit lithographies originales réalisées alors par Oskar Kokoschka. À ce texte, il a semblé judicieux d’adjoindre une courte nouvelle intitulée : Le blanc-tueur, jusqu’à ce jour inédite en français, et qui doit être regardée, car déclarée comme telle par son auteur, comme la suite de ces garçons rêveurs. Ces deux textes auront au moins déjà pour grand mérite de nous faire découvrir un Oskar Kokoschka faisant part de son goût pour la plus grande des libertés. Un créateur exceptionnel, pluriel, bien trop souvent et facilement catalogué chez les expressionnistes, alors qu’il n’aura pas manqué lui-même de déclarer : «Je n’ai pris part à aucun mouvement. Je suis expressionniste parce que je ne sais pas faire autre chose qu’exprimer la vie.»