Prix public : 20,00 €
Célèbre pour ses poèmes dès l’âge de 17 ans, Hugo von Hofmannsthal (1874-1929) fut ensuite connu du monde entier en tant que librettiste des plus beaux opéras de Richard Strauss, du Chevalier à la rose à La Femme sans ombre. En dehors des pays de langue allemande, où son prestige littéraire est resté immense, cette renommée a longtemps éclipsé son œuvre propre. En 1927, le critique littéraire Charles Du Bos entreprit de faire découvrir au public français la diversité de son œuvre en prose en éditant un choix de textes où figuraient quelques-unes de ses plus belles œuvres, notamment La Lettre de Lord Chandos, qui a depuis conquis de nombreux lecteurs. Quatre-vingt-dix ans plus tard, cette anthologie n’a pas pris une ride et garde tout son intérêt, non seulement parce qu’une moitié des proses qui la composent n’ont jamais été retraduites et que la traduction en est extrêmement soignée, mais aussi parce que le choix des textes et leur agencement ont été élaborés en étroite concertation avec Hofmannsthal, au point qu’on peut voir dans cet ouvrage une sorte d’autoportrait à destination des lecteurs étrangers. Le fil conducteur de ce livre est la réflexion de Hofmannsthal sur la création poétique de son temps, sur l’écriture et la lecture des poèmes – ces « paysages de l’âme », comme les appelle un de ses personnages. Jamais le poète autrichien n’a cessé d’interroger, sous différents masques, les raisons qui l’avaient conduit, après dix années d’intense activité créatrice, à abandonner définitivement la poésie. Dès 1902, il cerne avec La Lettre de Lord Chandos l’essence paradoxale de la modernité littéraire : la même injonction venue des « choses muettes », qui donne naissance au poème, est aussi ce qui menace de rendre impossible la poésie, en instaurant une coupure irrémédiable entre le monde et la parole. Les dialogues, lettres fictives, essais et conférences ici rassemblés explorent les conséquences de cette crise initiale et cherchent les moyens de la résoudre ou de la dépasser. C’est en cela que ce volume reste sans doute la meilleure introduction à la lecture de Hofmannsthal, l’un des grands classiques de notre temps.