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Les pratiques électorales sont, à intervalle régulier, l'objet d'un commentaire si intense qu'il en fait oublier l'essentiel : d'où vient l'évidence des actes et des rites dont elles sont faites ? D'où vient l'habitude du bulletin, de l'isoloir et de l'urne ? En réalité, ces choses de la vie démocratique n'ont rien de secondaire. Laurent Le Gall montre, à partir de souvenirs personnels de suffrages, d'affiches, de bulletins (le bulletin nul : qu'écrire ?) ou de campagnes électorales (1974 à travers le film de Depardon, 2002), les pratiques différenciées qui président à l'acte de vote et des sens que des acteurs différemment socialisés lui ont donnés depuis les années 1830, mais aussi toutes les luttes qu'il a fallu pour apprendre à voter. Il fut un temps où les bulletins n'étaient pas imprimés, où le notable des lieux le remplissait pour le citoyen. Et dans les villages du pays, les affaires sont nombreuses qui voient les villageois s'emparer de l'urne de la communauté voisine et demander rançon. Plus tard, les trucages, les fraudes et bourrages d'urne, dont bruissent longtemps les élections, la nécessité d'édifier un code électoral et de pacifier l'urne et le bulletin, dessinent une autre histoire électorale du pays. Mais les fraudes et les bagarres ne sont pas tout. Ce livre explique l'ascension d'un rite qui nous est devenu familier et des objets oubliés à force d'évidence sur lequel il prend appui. Dans le repli des débats idéologiques auxquels on ramène tout le plus souvent, il raconte comment les Français ont appris à voter et pourquoi on le fait, derrière l'utopie du suffrage, restituant au bulletin ce qui en fait toute sa richesse : son évidence et son énigme. Laurent Le Gall est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Brest. Spécialiste de la politisation des campagnes françaises au xixe siècle et de l'histoire du suffrage universel dans la France contemporaine, il a publié L'Électeur en campagnes dans le Finistère. Une Seconde République de Bas-Bretons (2009).