Prix public : 15,00 €
Pour présenter cet essai, sa forme et son projet, il est nécessaire de revenir à la lecture de Robert Antelme qui chercha toujours dans ses rares textes à définir la pensée, juste la pensée, mais la pensée en propre, la pensée de l'autre, comme ici : « Pensée accompagnée qui n'a pas la lourdeur de la démarche résolument solitaire. Pensée jamais pour soi. Dirait-on sans “dynamisme”… Au-delà des raisons, dans le désespoir, à fleur du désastre, l'absence de prophétie, l'amitié, le plus fragile reconnu. »Pour justifier ce livre qui aime d'amitié et lit de bonheur les trois poètes qui font son titre et sa couleur, je continue pour rendre hommage à l'écrivain qui a écrit ce qui suit, dans la proximité de Robert Antelme, au nom de l'irréductibilité de la littérature, littérature qui sauve tout quand elle crée en tout : « Et je vois bien comment. C'est-à-dire, je vois suivant quelle tromperie qui cède tout à l'art et qui voudrait que ce qui est mort ne le soit pas tout à fait ; et ce qui est mort ne le serait pas tout à fait en effet, pourvu qu'on en dise tout ; pourvu, par exemple, qu'on le décrive sans rien en oublier. Et on le pourrait alors. On le pourrait d'une personne ou d'un moment morts, tout aussi bien ». Michel Surya est ainsi le créateur des phrases et de l'événement littéraire de ce livre. « On en vient là à un dispositif dit dispositif des voyants : c’est communiste par l’hyper-communication qui a été inventée par les Rimbaud, Ducasse, Corbière, dispositif que les voyants écrivent depuis Illuminations de Rimbaud. Ce dispositif des voyants fut mis en marche par Gérard de Nerval qui le préfigurait en écrivant l’axiome suivant dans Aurélia : “Ici a commencé pour moi ce que j’appellerai l’épanchement du songe dans la vie réelle.” »