Prix public : 70,00 €
Un livre pour raconter un long cycle de Julien Friedler. Une série dont le futur se présente ouvert mais dont le présent est bien marqué qui définit les contours d'une vision prismatique du monde. L'artiste belge, œuvre après œuvre, a maintenu toute sa cohérence éthique, ses principes relationnels, sa curiosité anthropologique, ses positions linguistiques. Pour lui, il n'y a pas d'exposition qui ne soit un projet de racines, de croissances, d'entrelacements, de dialogues, de contaminations ; chaque exposition, et ce n'est pas un hasard, ressemble à un arbre fermement planté dans le sol, au tronc puissant et souple, ramifié comme un paysage amazonien vu au départ d'un satellite, fertile dans sa façon de capturer la lumière et d'en faire des fruits d'altruisme et de générosité. Si je devais représenter l'approche conceptuelle de Friedler, c'est le Baobab qui me viendrait à l'esprit : un grand sage silencieux qui accompagne les générations, une tente naturelle qui protège et accueille, une île pour le mouillage démocratique dans des plaines qui ressemblent à des mers de sable mou. Toute la peinture de Julien Friedler possède l'identité métaphorique de l'arbre centenaire, comme si la prolifération sur le tableau entendait rendre les honneurs aux valeurs ancestrales de la communauté, à une liberté chamanique qui transfigure la peinture en un baobab imaginatif de la culture occidentale, un objet lymphatique avec l'âme du sujet palpitant, très ferme et pourtant en cours de germination, un philosophe qui élargit ses racines alors qu'il s'élève vers un futur proche. Identifier l'attitude d'un artiste avec un arbre, c'est déplacer l'Homme hors du centre, le ramener dans la ligne des autres êtres vivants ; c'est repenser la Planète comme un DIEU qui accueille la vie dans sa multiplicité, pas seulement humaine ; c'est écrire une histoire à l'envers, au départ de l'essence morale, de la stylisation, d'un langage accueillant et inclusif."