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Pourquoi des compositeurs du monde arabe adoptent-ils l’univers esthétique de la « musique contemporaine » dont les musiques, affranchies de toute norme préétablie, se laissent difficilement appréhender ? Par simple choix personnel, dira-t-on, choix stimulé par un monde plus que jamais ouvert. Ou peut-être du fait de la fascination qu’exercerait encore le modernisme occidental sur les subjectivités du Sud, comme pourrait le postuler une approche postcoloniale. De telles explications ne disent cependant rien sur le rapport intime, mais aussi critique, du compositeur avec sa culture d’origine. Nombre de ces compositeurs, en effet, se réapproprient des musiques traditionnelles de leur enfance sans jamais les afficher comme marques identitaires. Dans Fragments accordés, Anis Fariji place cette démarche de création dans le contexte culturel du monde arabe. Il s’arrête sur les manières dont a été affecté le matériau musical traditionnel depuis l’introduction de l’enregistrement sonore. Il parcourt les discours de la création musicale dans le monde arabe. Enfin, à travers les musiques d’Ahmed Essyad, de Zad Moultaka et de Saed Haddad, il analyse le devenir critique du matériau traditionnel dans des formes aussi singulières qu’exigeantes.