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Qu'est-ce qu'une fête ? Quel en est le sens ou la signification ? Dans l'existence en régime de quotidienneté, soucieuse des travaux quotidiens, sereine, prise dans un système d'interdits, toute de précaution où la maxime « il ne faut pas mettre en mouvement ce qui est en repos » maintient l'ordre du monde, s'oppose l'effervescence de la fête. Celle-ci, si l'on considère des éléments extérieurs, présente des caractéristiques identiques à n'importe quel degré de culture. Elle suppose un grand concours de peuple agité et bruyant. Ces rassemblements massifs impliquent éminemment la naissance et la contagion d'une exaltation qui se dépense en cris et en gestes désordonnés, qui incite à s'adonner sans contrôle aux impulsions les plus irréfléchies. Même aujourd'hui, où cependant les fêtes appauvries ressortent si peu sur le fond de grisaille qui constitue la monotonie de la vie ordinaire et y apparaissent dispersées, émiettées, presque englouties, on distingue encore en elles quelques vestiges du déchaînement collectif qui caractérise des anciennes frairies. En effet, les déguisements et les audaces permises au carnaval, les libations et les bals du 14 juillet, attestent de la même nécessité et la continuent. Il n'y a pas de fête, même terne par définition, qui ne comporte au moins un commencement d'excès et de bombance : il n'est qu'à évoquer les repas d'enterrement à la campagne. De jadis ou d'aujourd'hui, la fête se laisse définir toujours par la danse, le chant, l'ingestion de nourritures copieuses, de beuverie. Il faut s'en donner tout son soûl, jusqu'à s'épuiser, jusqu'à se rendre malade. C'est l'essence même de la fête. A propos de l'auteur : Robert Tirvaudey est docteur en philosophie. Il est l'auteur de nombreux ouvrages littéraires (romans, nouvelles, poésies) et d'essais philosophiques.