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« Au coeur d'une telle abondance, nous commencions à être pauvres » C'est l'histoire d'un pays riche affamé, dévoré par la pauvreté. Au XVIIIe siècle, le Brésil, et le Minas Gerais en particulier, découvre ses mines d'or et de diamants et vit dans l'opulence illusoire de cette richesse facile. Mais elle lui file entre les doigts, comme le sable fin de ses plages assaillies par les colons et les marchands étrangers ; ou les pirates. L'or et les diamants ne restent jamais très longtemps au Brésil. Qui sont ces hommes et ces femmes, qui s'échinent à extraire ces richesses que rien ne retient ? Des oisifs, « des individus qui ne servent qu'à frauder le Trésor royal [...], qui ne font rien d'autre que consommer des vivres et s'adonner à la contrebande ». Des oisifs bien actifs, en somme. Et Laura de Mello e Souza nous en dresse un portrait saisissant. On les entend presque discuter, fomenter leurs combines. Ils sont « le fardeau inutile de la terre », des marginaux, des déclassés dont on ne se souvient qu'en temps de crise, quand les coffres portugais sont vides et qu'on a si désespérément besoin de gaspiller leurs poumons et leurs bras pour une richesse dont personne, au Brésil, ne profitera.