Prix public : 20,00 €
Paru en 1978 chez Henri Veyrier, Le Masochisme au cinéma a été interdit à sa sortie : affichage (aucune librairie n'a pu le mettre en rayon), publicité, vente aux mineurs. Ce qui déclencha une campagne de presse en sa faveur : Libération, Le Nouvel Observateur, Le Canard Enchaîné, Le Matin de Paris, etc. Il faudra attendre le 21 mars 1982 pour que Jack Lang, nouveau Ministre de la culture, lève les interdictions. L'essai, réédité en 1990, deviendra culte au fil des ans. Comme l'écrivait à l'époque Freddy Buache, alors directeur de la Cinémathèque suisse : « Jean Streff jette sur les films un éclairage insolite et nous les fait voir autrement, au gré d'une inattendue hiérarchisation qui grossit le contenu au détriment des valeurs esthétiques admises. Dérangeante façon de relancer la réflexion sur le cinéma, sur nous-mêmes, et de rendre la vie à des créations figées depuis longtemps dans l'académisme critique. »
L'idée du livre est de mettre en lumière à travers des films, séquences de films ou personnages de films, les principales manifestations de la tendance masochiste. Cela va de Luis Buñuel à Federico Fellini, de Joseph Losey à Tod Browning, de John Huston à Marco Ferreri, en passant par Laurel et Hardy, le cinéma fantastique, les péplums ou encore le masochisme affiché de certaines stars hollywoodiennes : Marlon Brando, Burt Lancaster, Clint Eastwood… Il ne s'agissait donc aucunement de pornographie, mais le masochisme, que l'on nomme aujourd'hui BDSM, était en lui-même considéré comme pornographique. Ce qui, dès le titre, entraîna les foudres de la censure. Jean Streff aurait pu, depuis 1978, faire entrer bien d'autres films sous cet « éclairage insolite », à l'instar de ceux qu'il évoque dans la « mise au point » inédite qu'il livre ici, mais son but n'a jamais été de dresser une liste exhaustive de films abordant d'une manière ou d'une autre le sujet. Voilà donc le texte tel qu'il est paru à l'époque, enrichi d'une préface aiguisée de François Angelier. Ainsi que l'écrivait le bulletin du Centre National du Cinéma : « C'est un ouvrage de philosophie du comportement. Il n'est pas nécessaire de s'intéresser à ce sujet en particulier pour le lire. Il ouvre trop d'horizons pour rester un texte spécialisé. » Voyons ce qu'il en est de nos jours.