Prix public : 18,00 €
Bienvenue dans les dernières années d’un Journal qui ne dit pas son nom. Un an après sa disparition, nous publions les derniers textes d’André Blanchard, écrits de 2012 à 2014. Mort, d’un homme, que reste-t-il vraiment ? Sa voix plus que ses biens, souvent, le grain de sa voix, sa manière ou non de musiquer sa phrase. D’un écrivain ? Ses livres, réagit-on dans l’instant. Avec André Blanchard, décédé en septembre 2014, c’est un étrange mélange des genres qui se produit car ses livres étaient là pour porter moins le déploiement d’une écriture que la retenue, la tension rentrée, hérissée de saillies soudaines, de sa voix aussi mesurée que tranchante. De la sismophonie : capter les plus infimes vibrations d’une voix intérieure, les tremblements d’un regard. Le Reste sans changement, son sixième et ultime volume publié par le Dilettante, ne déroge pas : réactions sèches, amusées, atterrées, bouleversées, d’un homme occupé à faire de ses lectures une œuvre. Courts textes que l’on imagine non parlés, mais décochés comme pour soi-même. Parfois survient l’interlocuteur, mais guère pour un dialogue, plutôt pour le soliloque qui s’ensuit. Toute la vitrine y a droit : Mona Ozouf, Jean-Paul Enthoven, Maurice Barrès ou Alain Minc, BHL, Flaubert et Luchini, etc. Quand Blanchard s’écarte de la page lue ou relue, c’est pour piquer dans le paysage quotidien un fait ou un détail. Grand démailleur, Blanchard : repéré dans un texte, une intervention radio ou TV, le fil qui dépasse d’une formule fausse, d’une citation erronée, la pose toc ; là, il pince, tire le fil et tout se défait de la prestance médiatique et littéraire de l’intéressé. À la question « Quelle place tiennent les livres dans votre vie ? » André Blanchard répond : « Il en est au moins une qu’ils ne tiennent pas : la place du mort. » Lui parti, eux nous restent et maintiennent le flux d’une méditation, les ponctuations d’un regard : « Rester en vie, c’est faire du zèle. »