Prix public : 23,00 €
1952, souvenez-vous, c’était un temps faussement raisonnable, celui de la IV e merdoyante, de l’affaire Dominici et de l’emprunt Pinay, de la guerre d’Indochine et de Jeux interdits. Parut alors, cette année-là et chez Calmann-Lévy, un de nos plus vibrants vade-mecum de la mal-pensance et bréviaire de la désertion manifeste : Allons z’enfants..., roman de l’anar repéré Yves Gibeau, roman que les Français (que l’on sait parfois frondeurs et sans grand goût pour l’alignement) plébiscitèrent à la hauteur de trois cent mille exemplaires vendus. Un temps vraiment déraisonnable ! Pour ledit Gibeau, l’avenir pourtant s’annonçait clair, le ciel bleu et la route bien large : fils de militaire, papa le place, tout fier et derechef, aux Andelys, chez les enfants de troupe, fière caserne plantée à l’ombre du château Gaillard. La fête dure dix ans, aux Andelys succède Tulle. 1939, l’homme passe aux travaux pratiques avec une Seconde Guerre mondiale qui s’achève pour lui en camp de prisonniers. De tout ce carnaval sanglant, Yves Gibeau conservera un mépris teigneux et une haine viscérale de la chose militaire et de l’humanité galonnée, vision pacifiste qui passe tout entière dans cet Allons z’enfants... où le jeune Chalumot, fils de l’adjudant Chalumot, allume la chambrée et perturbe l’appel. La geste libertaire d’un gamin rétif à l’ordre et hostile à toute forme de militarisation des consciences. Un classique de l’insoumission à relire d’urgence, ouvert par une vrillante préface de Michel Dalloni, dont ce fut le premier achat conscient et risqué en librairie, et qui, d’un trait, dit la chose : « La liberté est un combat contre la connerie dont le prix est celui de la vie. » Et j’le prouve.